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FEATURE

La coopération - tout le monde en bénéficie!

André Charlebois

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Tous les enseignants et enseignantes de français langue seconde en Ontario sont au prise avec le bulletin scolaire de rélève. On peut employer l'expression « au prise » parce qu'il représente souvent un dilemme pour l'enseignant ou l'enseignante de français langue seconde, programme de base, qui en doit compléter un assez grand nombre, selon le nombre d'élèves qu'il ou elle enseigne.

En plus de donner une note qui démontre de façon efficace et juste le rendement de l'élève, il faut aussi démontrer via un commentaire pertinent, les forces, les faiblesses et les étapes à suivre afin d'améliorer le rendement de l'élève. Enfin, au niveau des habitudes de travail en classe et au fonctionnement de groupe, il faut aussi indiquer une note justificative et un commentaire qui démontreront aux parents et à l'élève le niveau de performance dans les domaines mentionnés. Pas une mince tâche pour tout enseignant et enseignante chevronné/e!

Transportons-nous donc dans l'école de Monsieur Note-Tout (nom fictif) un enseignant de français langue seconde, programme de base-un enseignant qui justement s'assure d'avoir toutes les données nécessaires afin de compléter un bulletin scolaire de façon juste et équitable.

On se retrouve lors d'une réunion du personnel enseignant. La directrice de l'école, Madame Lagacé (nom fictif), discute du rendement des élèves et des rencontres avec les parents qui arrivent sous peu.

« Chers collègues, » dit-elle, « assurezvous de compléter vos bulletins scolaires électroniquement pour la date d'échéance. N'oubliez surtout pas de compléter le commentaire et la note pour le comportement avec l'enseignant de français langue seconde. Cette partie du bulletin scolaire doit démontrer qu'il existe un véritable réseau de communication entre tous les enseignants qui travaillent avec les mêmes élèves. »

Les enseignants se regardent entre eux. La bonne entente et la communication existent depuis toujours au sein de leur équipe. Ceci est tout simplement un rappel du partenariat qui existe au sein de la communauté de l'école. Tous et chacun ont un rôle à jouer dans l'éducation des élèves : les parents, les enseignants, la direction de l'école, l'équipe psycho-sociale, le préposé à l'entretien de l'édifice, le coordonnateur pédagogique, la conseillère pédagogique, le surintendant; enfin, tous les intervenants du milieu scolaire.

Au départ, les enseignants et enseignantes de l'école ont décidé de prendre en main leur destinée en ce qui a trait au travail d'équipe. Appuyés par la direction de l'école, les enseignants et enseignantes ont formé des équipes de travail selon leur niveau d'enseignement : primaire, moyen et intermédiaire. Et l'enseignant de français langue seconde dans tout ça? Il est celui qui connaît les élèves le mieux car il enseigne presque tous les niveaux et il suit le cheminement des élèves d'année en année. Il les voit grandir, acquérir des connaissances et surtout, très important pour lui, il les voit en train de communiquer dans une langue autre que la leur. Quel sentiment de fierté! Ses commentaires seront donc importants pour tous les élèves qu'il enseigne. La direction de l'école se rappelle cette implication de l'enseignant de français langue seconde. Elle s'assure donc de faire la part des choses et d'être équitable au niveau des tâches supplémentaires à distribuer.

Les enseignants et enseignantes de l'école ont donc décidé d'implanter un modèle de coopération qui fonctionnerait non seulement pour les élèves, mais pour le personnel enseignant aussi. Quelle belle façon de démontrer à toute la communauté scolaire la bonne entente et la coopération qui existent dans l'école.

Le personnel enseignant a mis le modèle coopératif suivant en place. Il en reçoit maintenant les dividendes : des parents réceptifs, des enseignants qui se sentent appréciés, une direction de l'école qui appuie ses profs et surtout, des élèves heureux qui aiment être à l'école.

Voici une liste des activités qui ont été mises en place afin de contribuer au climat de coopération à l'école. Cette liste n'est pas du tout exhaustive et se veut un début afin de créer un climat de bonne entente et de discussion auprès des professionnels de l'enseignement.

  1. La direction de l'école planifie un horaire qui permet aux enseignants de se rencontrer durant les heures de classe. Cette rencontre se fait à toutes les deux semaines et permet aux enseignants de planifier des leçons à long terme, discuter de l'évaluation des élèves, régler des problèmes de comportement; enfin, s'assurer que les élèves reçoivent la meilleure éducation possible. L'enseignant de français langue seconde fait toujours partie de ces rencontres.
  2. Les directions des écoles qui composent leur famille d'écoles organisent une demi-journée par mois afin que tous les enseignants de français langue seconde puissent se rencontrer afin de discuter de programmation, de planification, d'évaluation et de communication. On profite souvent de l'occasion pour inviter la conseillère pédagogique qui parlera d'un sujet pertinent pour tous. On peut aussi profiter de l'occasion pour inviter des collègues de l'école secondaire afin de discuter de cheminement à long terme.
  3. Un système de mentorat est mis en place dans l'école afin d'apporter un appui aux nouveaux enseignants. Souvent, un tel programme existe au niveau du Conseil scolaire, mais il est nécessaire et important que tous les enseignants et enseignantes l'appuient à l'intérieur de l'école.
  4. Tout enseignant et enseignante a quelque fois besoin d'appui dans sa démarche et son cheminement. Ainsi, un système de partenariat avec un pair est mis en place au sein de l'école. Dans ce cas-ci, il s'agit d'aller au-delà du mentorat, mais bien de permettre à deux professionnels de voir au bienfait, un de l'autre, un appui moral lorsque nécessaire. Enfin, un réseau qui permet à un enseignant d'y retrouver un appui, un réconfort si nécessaire. Il est important de noter l'appui des Fédérations des enseignants et du Conseil scolaire pour un tel projet.
  5. Enfin, comme tout individu qui se dévoue à la tâche, il est toujours agréable de recevoir quelques douceurs qui rendent la vie plus agréable. Ainsi, lors de la rencontre mensuelle des enseignants, il y a toujours un item à l'ordre du jour qui se rapporte à l'enseignant ou l'enseignante du mois. Un bref compte-rendu est fait à tous les enseignants sur les raisons qui expliquent le choix de l'enseignant ou l'enseignante. On s'assure ensuite qu'un compte-rendu est fait aux parents et aux élèves via le bulletin mensuel de nouvelles scolaires et lors d'assemblée scolaire.

Les quelques suggestions mentionnées ci-haut ne sont que quelques possibilités qui permettent aux enseignants et enseignantes d'oeuvrer dans un milieu coopératif. Tout comme les élèves qui ont besoin d'encadrement afin de fonctionner dans une classe coopérative, les enseignants ont besoin d'encadrement et de direction afin de les motiver à coopérer avec leurs collègues.

Tel que suggéré dans les articles précédents, l'élément essentiel à la base de l'apprentissage coopératif est l'interdépendance positive, c'est-à-dire, le climat de confiance qui existe au sein de toute équipe digne de ce nom. Enseignant, enseignante, élève, parent, directeur, directrice - chacun a besoin de se sentir utile et apprécié au sein de son équipe de travail.

André Charlebois retired as education coordinator, second languages, with the Upper Canada DSB. He is currently a professor at the University of Ottawa, where he teaches undergraduate students in the second language teaching program.