La recherche active dans la classe de français
Pour les enseignants ontariens de français, programmes de base et d’immersion, la planification et l’organisation de leurs programmes se déroulent chaque jour en tenant compte de ces questions importantes.
Déterminer les objectifs d’apprentissage pour les élèves à chaque niveau, préparer les matériaux pédagogiques nécessaires, s’assurer que le climat de salle de classe facilite l’apprentissage du français et surtout, communiquer et collaborer avec les autres enseignants, avec l’administration de l’école et avec les parents : autant de tâches qui présupposent une forte éducation linguistique et en plus, du talent pédagogique.
Le nouveau programme d’études.
L’enseignement du français langue seconde en Ontario est, plus que jamais, un défi pour la plupart des enseignants. Les nouveaux documents du ministère de l’Education ont établi des attentes et des contenus d’apprentissage et le système d’évaluation, assez rigoureux, est basé sur une grille des compétences comportant quatre niveaux de rendement.
La modification du programme.
En ce qui concerne les élèves identifiés et ceux en difficulté, ainsi que les élèves d’anglais langue seconde, il est essentiel que le programme de français soit modifié à partir des renseignements recueillis sur les besoins individuels de chaque élève. Puisque les enseignants-ressource sont trop occupés de nos jours à diviser leur temps entre plusieurs programmes et écoles et parce qu’il y a toujours un manque de ressources en français, il est necéssaire que les enseignants de français langue seconde soient des spécialistes dans leur domaine. C’est pourquoi ils sont vivement motivés à apprendre de nouvelles approches pédagogiques et à perfectionner leur pratique chaque année.
Une approche pédagogique qui met l’accent sur une pratique de réfléxion.
Il est à noter que, de plus en plus, la méthodologie utilisée dans les cours de perfectionnement pédagogique, surtout dans ceux offerts par l’Université York en collaboration avec les conseils pédagogiques, vise à développer l’aptitude des enseignants de français langue seconde à réfléchir à leur propre pratique, à leur style d’enseignement et, bien sûr, à leurs apprenants, aux difficultés qu’ils rencontrent dans des tâches et aux stratégies qu’ils développent pour gérer ces difficultés.
Le but de ces cours est non seulement d’offrir aux candidats une connaissance plus approfondie des principes de l’enseignement et de l’apprentissage du français langue seconde, mais aussi de les encourager à utiliser eux-mêmes une nouvelle approche afin de perfectionner leur développement professionnel : la recherche active.
La recherche active.
Pour mieux comprendre cette approche, il faut aborder le terme « recherche ». On doit clarifier qu’il ne s’agit pas de la recherche traditionnelle, qui exige une approche plus formelle et de long terme, mais plutôt d’une recherche active, faite par les enseignants dans la salle de classe. C’est en observant leurs élèves et leurs programmes de français pendant trois ou quatre semaines que les enseignants arrivent à apprendre une pratique de réfléxion et, plus tard, sont capables de modifier leur stratégie d’enseignement.
Les Étapes de la Recherche Active
La question de recherche.
La recherche active commence pendant l’Institut d’été, qui dure une semaine et prépare les candidats pour leur observation dans la salle de classe. C’est durant l’Institut d’été qu’on discute les plus récentes théories de l’acquisition du langage, les méthodologies et approches d’enseignement du français langue seconde et aussi, les profils des candidats, leurs formation et compétences.
Vers la fin de l’Institut d’été, les candidats seront prêts à identifier leurs domaines de recherche, et peuvent se concentrer sur un certain aspect éducatif afin de formuler leurs questions de recherche. Si, en retournant à l’école, ils trouvent que les domaines de recherche choisis ne répondent plus à leurs besoins ou intérêts, ils peuvent choisir un autre domaine.
Le plan de recherche.
La planification de la recherche active implique l’établissement d’objectifs fondés sur une question de recherche. Prenons comme exemple la question de recherche déjà mentionnée : « Comment motiver les élèves en septième année, français cadre, à participer dans les activités orales? » On doit tenir compte des facteurs comme :
La méthode d’enseignement utilisée dans la salle de classe - Est-ce qu’on utilise une méthode traditionnelle qui donne à l’enseignant ou l’enseignante un rôle central et où l’écrit prend une place privilégiée? Utilise-t-on une méthode communicative qui insiste sur l’acquisition d’une compétence de communication?
Les styles d'apprentissage des élèves - Quels sont leurs aptitudes, préférences, intérêts? Est-ce qu’il y a un grand nombre d’éléves en difficulté ou d’anglais langue seconde dans la salle de classe?
Les matériaux pédagogiques - Est-ce qu’il y a une variété d’activités communicatives : dialogues, entrevues, sondages, questionnaires, présentations orales, activités intégrées? Est-ce qu’on utilise des documents authentiques : journaux, articles, revues, vidéos?
Le contrôle de la classe - Y a-t-il des routines et règles établies à l’avance? Chaque leçon commence-t-elle par une courte période de réchauffement? Les apprenants ont-ils des responsabilités dans la salle de classe?
Sources d’information - Recherches et documents récents sur l’enseignement de l’approche communicative, la motivation de l’élève à apprendre le français, l’intégration du drame, etc.; discussion/partage avec d’autres enseignants, spécialistes de langue; collaboration avec l’administration et les parents.
Lobservation dans la salle de classe et le journal de réfléxion.
Avant de commencer l’observation dans la salle de classe, il est nécessaire de rédiger une bibliographie à laquelle ajouter, au fur et à mesure, tout ce qu’on peut trouver sur le domaine de recherche identifié; à ce stade, les candidats travaillent en groupes de recherche afin de mieux approfondir chaque domaine de recherche. Voici, à titre d’exemple, une liste des domaines de recherche identifiés par les candidats des cours FLS à York :
- la motivation de l’élève à écrire en français;
- l’approche communicative et le développement de la langue orale;
- l’intégration de la culture française et francophone dans le programme de français cadre et immersion;
- la modification du programme pour les élèves en difficulté;
- les outils d’évaluation en français immersion;
- la communication avec les parents.
Ainsi, pendant les séminaires du cours, les candidats ont l’occasion de discuter et partager leurs idées dans le cadre d’un groupe de recherche et en plus, de comparer leurs connaissances à propos de la littérature de recherche pour mieux focaliser leurs questions de recherche.
En ce qui concerne l’observation dans la salle de classe, il faut souligner qu’il est important d’établir dès le début un système d’observation. Les notes doivent être prises de façon systématique et continue, dans divers contextes d’apprentissage. L’accent sera davantage mis sur une observation détachée afin de bien comprendre tous les facteurs qui pourront jouer un rôle important dans chaque situation. L’enseignant ou l’enseignante peut aussi noter, dans un journal de réfléxion, ses propres réfléxions sur le processus d’apprentissage.
L’organisation, l’analyse et l’interprétation des notes d’observation.
Les notes d’observation et la pratique de réflexion aideront les enseignants à avoir une image globale de l’apprentissage de leurs élèves et permettront d’analyser leurs résultats afin d’adapter leurs programmes aux besoins spécifiques des élèves. En organisant les notes d’observation, ils se rendent compte que leur travail de recherche active leur a révélé des détails sur leurs stratégies pédagogiques et la façon d’apprendre de leurs élèves.
Projets de recherche.
Arrivés à la dernière étape de leur travail de recherche active, les enseignants ont plusieurs choix pour présenter leurs projets de rercherche :
- présentations en utilisant des aides visuelles, accompagnées de diapositives;
- rapports;
- articles dans des journaux et revues pédagogiques;
- affiches et photos;
- vidéos.
On peut prévoir que la recherche active dans la classe de français continuera à être une des meilleures approches pour le perfectionnement pédagogique des enseignants ontariens, car elle :
- répond aux besoins courants;
- les encourage à examiner les matériaux pédagogiques modernes ainsi que leurs propres stratégies d’enseignement; et
- les incite à partager leurs idées et opinions à propos des défis et succès qu’ils ont eus dans leur carrière professionnelle.
Un merci tout spécial est adressé aux enseignants de français langue seconde qui ont récemment complété les cours Français langue seconde, Partie 2 et Spécialiste, à York. Leur contribution précieuse aux discussions et leur enthousiasme ont été la source d’inspiration pour le présent article.
Marie-Anne Visoi, D ès Phil, enseigne des cours de français à l’Université de Toronto et est directrice adjointe à Beverley Heights, une école d’immersion française à Toronto. Pendant les 18 ans de sa carrière pédagogique, elle a enseigné, de la maternelle au niveau secondaire, l’anglais langue seconde, le français, programme de base et programme d’immersion, l’éducation de l’enfance en difficulté et l’art dramatique. Elle a aussi enseigné des cours universitaires à York et à l’Université de Toronto, développé des programmes d’études et présenté des ateliers pédagogiques.
Marie-Anne Visoi, Ph.D. teaches French at the University of Toronto. She is currently a Vice-Principal at Beverley Heights Middle School, a French Immersion school in Toronto. During her 18-year career she has taught students in kindergarten through to OAC levels with a strong emphasis on English as a second language, core French and French immersion programs, special education, and drama.